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Patriarcat œcuménique de Constantinople
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Patriarcat œcuménique de Constantinople Oικουμενικό Πατριαρχείο Kωνσταντινουπόλεως
Armoiries du patriarcat et symbole du primat Bartholomée Ier.
Le patriarcat œcuménique de Constantinople (en grec moderne : Oικουμενικό Πατριαρχείο Kωνσταντινουπόλεως / Oikoumenikó Patriarkheío Kōnstantinoupóleōs ; en turc : Fener Rum Ortodoks Patrikhanesi, « patriarcat des Romains orthodoxes du Phanar ») est, par le rang sinon par l'ancienneté, la première juridiction autocéphale de l'Église orthodoxe.
Le patriarcat œcuménique de Constantinople est également connu sous d'autres noms :
Église orthodoxe grecque de Constantinople (dénomination surtout usitée par les catholiques) ;
Église romaine de Constantinople (dénomination surtout usitée par les autres orthodoxes, en référence à l'Empire romain d'orient dont le nom officiel était en grec Ρωμανία (« Romania »).
Au contraire des quatre autres sièges patriarcaux de la Pentarchie (Jérusalem, Rome, Antioche et Alexandrie) le siège de Constantinople n'est pas apostolique, bien que la tradition lui attribue une fondation par l'apôtre Saint André. Cependant, à la suite de la refondation de la ville comme « Nouvelle Rome » par Constantin, le premier concile de Constantinople, en 381, lui reconnaît une « prééminence d'honneur après l'évêque de Rome, car Constantinople est la Nouvelle Rome ».
Cette décision est confirmée dans le canon 28 du concile de Chalcédoine en 451, mais avant même cette époque, les patriarches de Constantinople prirent le titre de « patriarche œcuménique », sans préciser ce que cela recouvre précisément en matière de juridiction. Les papes Léon Ier et Grégoire Ier, revendiquant pour leur siège la juridiction sur l'ensemble des Églises, refusèrent de cautionner cet usage.
La permanence, après les invasions barbares qui submergèrent la partie occidentale, de la partie orientale de l'Empire romain fait que le patriarche resta sous la tutelle du pouvoir impérial, dans un système de partage des pouvoirs qui a pu varier avec les époques. Plus encore que le schisme de 1054, c'est la chute de Constantinople, d'abord aux mains des Croisés en 1204, puis des Turcs en 1453, qui affaiblit considérablement l'autorité du patriarche, encore diminuée ensuite par l'érection de Moscou en patriarcat autocéphale en 1589, puis par la multiplication des Églises orthodoxes nationales (autocéphalie) pendant le XIXe siècle.
Cependant, les sultans de l'Empire ottoman lui accordaient encore une certaine autorité sur les chrétiens orthodoxes de l'empire, dans le cadre du système des millets. En 1923, avec la République turque, le système confessionnel est aboli et cette fonction cesse complètement : les autorités turques mettent en place une Église orthodoxe turque non canonique.
Organisation
Le Patriarcat œcuménique de Constantinople étend sa juridiction sur des églises orthodoxes en Turquie du Nord-Ouest et en Grèce du Nord, de l'Est et du Sud, mais son statut est très différent dans chacun de ces deux pays.
En Turquie
En Turquie, seule l'Église orthodoxe turque, non canonique (70 fidèles), est reconnue par les autorités ; quant au Patriarcat, il n'est pas reconnu comme tel, ni comme œcuménique, mais seulement comme « archevêché grec » d'Istanbul (vieille ville de Constantinople et Galata-Péra, dans la partie européenne d'Istanbul : 5 000 fidèles), reconnaissance qu'il partage avec les quatre métropoles :
En Grèce en revanche, le patriarcat œcuménique de Constantinople est bien reconnu comme tel et conserve son autorité ecclésiale sur l'ensemble des territoires grecs qui ont été ottomans jusqu'en 1913 (nord du pays, îles de l'Égée et Crète) ou italiens jusqu'en 1946 (Dodécanèse) : cette juridiction représente 50 métropoles, des milliers de paroisses et 3,2 millions de fidèles : c'est, avec les loyers de son patrimoine foncier d'Istanbul, sa principale source de revenus.
« Terres Neuves » (ces territoires, ottomans jusqu'en 1913, grecs depuis, relèvent nominalement toujours du patriarcat de Constantinople, mais leurs évêques, à la suite d'un accord entre les deux Églises, participent pour l'instant aux synodes de l'Église de Grèce) :
Les Patriarches des Églises orthodoxes reconnaissent une primauté d'honneur (« premier parmi ses égaux ») à celui de Constantinople qui sur le plan religieux et théologique est en quelque sorte le garant des valeurs de l'orthodoxie, mais cela ne les empêche pas, sur le plan canonique et politique, de s'opposer à lui ou de refuser ses arbitrages.
Le , l'Église orthodoxe russe a rompu officiellement la pleine communion avec le patriarcat de Constantinople, notamment car ce dernier a déclaré qu'il accorderait l'indépendance (autocéphalie) de l'Église orthodoxe ukrainienne,.
Le contentieux millénaire datant du schisme de 1054, principale source du mishellénisme occidental, a fait l'objet, au XVe siècle et dans les années 1960 et 1970, de plusieurs tentatives d'apaisement dont les étapes essentielles sont :
La Turquie en tant qu'État ne reconnaît ni l'institution patriarcale (Patrikhanesi), ni l'adjectif « œcuménique » ni la dénomination « de Constantinople », mais seulement l’İstanbul Rum Patriği (« patriarche grec d'Istanbul »), en tant que simple évêché des orthodoxes grecs d'Istanbul, Büyükdere, Kadıköy, Kızıladalar, Gökceada et Bozcaada. En revanche, le gouvernement turc reconnaît le Bağımsız Türk Ortodoks Patrikhanesi (« patriarcat turc orthodoxe ») créé en 1922 comme moyen de pression pour obtenir la démission d'un patriarche œcuménique jugé trop pro-hellénique, même si cette institution n'a pas séduit les fidèles et ne compte aujourd'hui que la famille élargie de son fondateur, soit une quarantaine de personnes, et une trentaine d'autres fidèles. Les autorités turques limitent strictement la capacité d'initiative ou d'actions de l’İstanbul Rum Patriği et empêchent le renouvellement de ses cadres, leur recrutement étant ouvert uniquement aux citoyens turcs nés en Turquie, alors que le séminaire de Halki (Heybeli) dans les Îles des Princes a été fermé sine die sans explication. Rendre à l'Église orthodoxe de Constantinople sa liberté d'action et sa capacité de formation sont deux des conditions de l'adhésion éventuelle de la Turquie à l'Union européenne.
↑Le 23 Août 1923 l'assemblée nationale turque ratifie le Traité de Lausanne ().
Le 4 octobre 1923, à l'initiative de Papa Eftim (Zeki Erenerol), les orthodoxes turcs tiennent un congrès et publie un communiqué soutenant le gouvernement républicain turc (). Le 6 juin 1924, Papa Eftim est élu Patriache de cette église turque.
↑Pavli Eftim Karahisaroğlu Zeki Erenerol, premier patriarche de l'église turque.
↑« Le séminaire orthodoxe de Halki, près d'Istanbul, attend toujours sa réouverture », Le Monde, (lire en ligne).
Alain Juster, « Le patriarcat œcuménique, la Grèce et la Turquie », CEMOTI, vol. Le différend gréco-turc, nos 2-3, , p. 10-19 (lire en ligne)
Samim Akgönül, Le Patriarcat grec orthodoxe : de l'isolement à l'internationalisation de 1923 à nos jours, Institut français d'études anatoliennes / Maisonneuve & Larose, Paris, 2004 (ISBN2706818077).
(en) Bestami Sadi Bilgic, « The Greek Orthodox Patriarchate and the Turkish-Greek Relations, 1923-1940 », Turkish Week, (lire en ligne).
Alban Doudelet, Les Orthodoxes grecs, Brepols (col. Fils d'Abraham), Turnhout, 1996 (ISBN2503504671).
(en) Harry J. Psomiades, « The Ecumenical Patriarchate Under the Turkish Republic : The First Ten Years », Balkan Studies 2, , p. 47-70 (lire en ligne).
Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d'Orient, Fayard, Paris, 1994 (ISBN2213030642).