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Dans cet article, le sujet de Porajmos sera abordé sous différentes perspectives dans le but de fournir une vision large et détaillée de ce sujet si d'actualité aujourd'hui. Dans cette optique, les différents aspects liés à Porajmos seront présentés, notamment son histoire, son impact sur la société, ses implications au niveau mondial, ainsi que les solutions et défis possibles qu'il pose. Les différentes opinions et positions sur le sujet seront également analysées, dans le but d'offrir une vision équilibrée et complète qui permette au lecteur de bien comprendre l'importance et la complexité de Porajmos aujourd'hui.
Porajmos | |
Un groupe de Roms à Asperg, en Allemagne, rassemblés par les autorités du Reich pour être déportés, le . | |
Date | 1935-1945 |
---|---|
Lieu | Allemagne nazie et Europe sous domination nazie |
Victimes | Tziganes |
Morts | estimation : 500 000 ou entre500 000 et 1,5 million |
Auteurs | Troisième Reich et régimes satellites ou collaborationnistes |
Ordonné par | Adolf Hitler |
Motif | AntitziganismeRacisme |
Guerre | Seconde Guerre mondiale |
modifier |
Les Porajmos, Porrajmos (littéralement « dévorer » en romani), Samudaripen, génocide tsigane ou holocauste rom sont les persécutions envers les ethnies Roms (ou Sinté, Manouches, Gitans, Yéniches, Kalderash, etc.) appelés « tsiganes » (Zigeuner en allemand), nomades, sédentaires ou semi-sédentaires pendant la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne nazie, dans les territoires qu'elle occupe et chez ses alliés.
Leurs proportions sont telles que la majorité des historiens les considèrent comme constitutives d'un processus génocidaire. L'ONU les concidère comme génocide. Les Roms sont démographiquement la deuxième population européenne victime d'une extermination familiale et raciale, après les Juifs d'Europe.
En raison du nomadisme qui concerne une partie d'entre eux, le recensement par les administrations officielles est délicat. Contrairement à une idée répandue, la grande majorité de ces populations, qui sont présentes en Europe depuis le VIIIe siècle, étaient des familles sédentaires, stables et faisant partie intégrante des sociétés Les Roms, sédentaires ou non, sont surveillés et fichés dès que possible par la majeure partie des États européens, ce dès la fin du XIXe siècle, ce qui facilite les actions violentes menées contre eux.
Il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, la dernière estimation retenue lors de l'inauguration du mémorial aux Sintés et aux Roms européens assassinés pendant le nazisme de Berlin en 2012 est de 500 000 morts. Ce nombre pourrait augmenter à mesure que des archives et des fosses sont découvertes, alors que bon nombre de victimes n'ont pas été comptées et ne pourront probablement pas l'être. D'autre part, de nombreux Roms de Roumanie, Bulgarie, Yougoslavie, n'étaient pas inscrits à l'état civil de leurs pays respectifs, ce qui explique l'incertitude quant à l'estimation finale des victimes Roms. Le chiffre de 1 000 000 de morts Roms au moins, avancé par certains historiens, ne peut ainsi pas être démontré, d'autant plus que les crimes étaient souvent perpétrés dans des espaces fermés, ou très isolés, sans observateurs ou témoins, et que les nazis ont fait disparaître bon nombre de preuves.
Les victimes du Porajmos ont été longtemps oubliées des historiens, parfois confondues avec des personnes juives. Pour marquer les détenus tsiganes des camps, les nazis leurs ont attribué le triangle marron. Certains ont été catégorisés avec les asociaux, en raison d'une méconnaissance de leur mode de vie jugé "précaire". Cette dernière catégorie arbitraire regroupait également des personnes en situation de handicap et les autres minorités ciblées par les nazis.
En Europe, la reconnaissance de ce génocide est tardive.
Outre l'antitsiganisme persistant, de multiples raisons ont pu contribuer au délai tardif de la reconnaissance des massacres. Comme les traumastismes générés pour les survivants, associés aux coutûmes de transmissions orales. Une tradition des tabous, de la discrétion, l'usage de noms d'emprunt, ainsi que le partage interne à la communauté dûe a une méfiance acccrue en raison des persécutions.
Aussi, Le manque d'une organisation puissante pour les représenter (peuples sans frontière, ni pays), est l'une des raisons pour lesquelles les autorités ont pu occulter ce génocide durant plusieurs décennies.
Enfin, des enfants ont été cachés ou d'origines dissimulées afin de préserver les descendants.
Le chancelier allemand Helmut Schmidt reconnaît officiellement le génocide tzigane le ,.
Certains Roms de Russie et des Balkans protestent contre l'utilisation du terme « porajmos ». Dans plusieurs dialectes, ce mot est un synonyme de Poravipe qui signifie « viol », mot tabou. Ils proposent l'utilisation du terme samudaripen en remplacement, et les activistes roms de Russie, celui de Kali Traš, littéralement « Terreur noire », au sens de terreur fasciste. C'est pourquoi le terme grec universel "holocauste" est majoritairement retenu dans le monde anglophone. (Cf. Romani holocaust, en).
Le terme porajmos fut introduit dans la littérature par l'universitaire et militant rom Ian Hancock, au début des années 1990. Un autre terme, samudaripen est revendiqué par Marcel Courthiade, un linguiste qui a créé la forme standard de romani utilisée en Roumanie. Hancock objecte que ce terme n'est pas conforme à la langue rom.
De 1933 à 1936 les Roms sont internés dans les camps de concentration de Dachau et de Buchenwald pour « insociabilité ».
Avant même l'arrivée au pouvoir des nazis, les Roms sont surveillés par les autorités. À leur arrivée au pouvoir en 1933, ils s'intéressent de près aux "Zigeuner" (tzigane en Allemand). Pour eux, il s'agit de définir une « race » tsigane afin de l'éliminer de la société allemande au nom de la pureté raciale.
Les grandes villes Allemandes créent entre 1933 et 1935, sans ordre supérieur , des camps d'internement de Roms. À partir de 1936, Arthur Nebe, placé sous l'autorité d'Himmler est chargé de la politique de persécution contre les Roms. Il est à l'origine de l'ordre de « prévention contre le crime ».
En 1936, le tsiganologue converti au nazisme en 1933, le Dr Robert Ritter, est chargé de recenser tous les Roms d'Allemagne. Robert Ritter s'établit à Munich où il a déjà 19 000 dossiers. Pour les compléter, il a besoin des dossiers du plus éminent tsiganologue généalogiste d'Allemagne : le Dr Sigmund Wolff de Magdebourg. Or, ce dernier refuse de communiquer ses dossiers. Ils lui sont finalement confisqués par le ministère de l'Intérieur du Reich sur injonction du Dr Gercke, qui transfère au Dr Ritter toute la saisie.
En 1937, le Dr Ritter est rattaché au ministère de l'hygiène raciale de Berlin. Grâce au fichage des Roms, les arrestations systématiques commencent à partir de 1938. Le 8 , la loi raciste « contre le danger tsigane » est promulguée par Himmler: il s'agit d'isoler les Roms du peuple allemand afin d'éviter tout métissage.
En , le Dr Ritter recense 20 000 Tsiganes ou métis, au printemps 1942 il en recense 30 000. Il distingue sur des critères ethno-physiques les « purs tziganes » et les « métissés » (ou demi-tsiganes). Les experts raciaux du Reich reconnaissent que les Roms forment une des dernières populations indo-européennes, mais ils affirment qu'ils ont été corrompus par le métissage et qu'ils menacent la société allemande. Est considéré comme Tsigane quiconque a au moins un grand-parent rom.
Par le décret du 16 décembre 1942, le "Auschwitz Erlass", Himmler ordonne le transfert des Tsiganes et des "Zigeuner-Mischlinge", demi-Tsiganes, du Grand Reich à Auschwitz-Birkenau.
Les roms, Allemands ou déportés des autres pays européens, furent aussi internés dans tout les camps présents en Allemagne.
À Ravensbrück, la torture des femmes, enfants et jeunes filles, et les méthodes pour stériliser les femmes roms témoignent des persécutions.
À Bergen-Belsen, de nombreux roms et sinté, périrent. Leur nombre exact n'a toujours pas pu être identifié
Selon une idée commune (et fausse) à l'époque en Allemagne, deux groupes de Roms étaient réputés « racialement purs » (non métissés et donc aryens) : les Sinti (~13 000 en 1939) et les Lalleri (1 017 en 1942). Les Roms non métissés (les Sinti et les Lalleri) ont un passeport brun, les métis ont un passeport bleu ciel, les nomades un passeport gris. Théoriquement, les Roms "purs" devaient être préservés et isolés. Cependant, on retrouve beaucoup de Sinti et Lalleri dans les chambres à gaz des camps de concentration. Il est évident que, durant la guerre, la différenciation entre Tsigane « racialement pur » ou non, ne préoccupait pas les fonctionnaires allemands : Tsiganes ou métissés, ils étaient condamnés. De plus, même si ces Tsiganes « purs », n'auraient, théoriquement, pas dû être déportés, ils étaient aussi soumis à la stérilisation forcée. La politique de génocide était généralisée. Abattus, gazés ou stérilisés, les Tsiganes d'Allemagne étaient condamnés à disparaître.
Les « Zigeunelager (de) » étaient les camps de concentration et d'extermination des familles tsiganes. Les plus connus étaient ceux d'Auschwitz (Pologne) où Josef Mengele a pratiqué de nombreuses expériences médicales, sévices et barbaries pseudo-médicales, tout particulièrement sur les populations tziganes.
Dans les zones de l'Europe occupées par les Allemands, le destin des Roms varie d’un pays à l’autre, selon les circonstances locales. Les nazis internaient généralement les Roms et les déportaient ensuite en Allemagne ou en Pologne pour les soumettre au travaux forcés, les assassiner, et/ou pratiquer des expériences médicales.
Des Roms de Pologne, de Belgique, des Pays-Bas, de Yougoslavie et d'Albanie, etc. sont abattus ou déportés dans les camps de la mort et exterminés.
En Pologne, dans les camps d'Auschwitz où les travaux d'identification ne sont pas terminés, de nombreuses familles tsiganes ont perdu la vie.
L'une des dates marquantes, est la nuit du 2 au 3 août 1944, appelé la "Zigeunernacht" (la "nuit tziganes" en allemand). La liquidation des camps des familles d'Auschwitz est ordonné. 2 897 tziganes, en particulier des femmes, enfants et personnes âgées sont décimés. Nuit dont André Rogerie, résistant français a été témoin.
En Pologne, suite à son invasion acquise par les Nazis, dès le 21 septembre 1939, Reinhard Heydrich, chef de l'Office central de Sécurité du Reich, planifie d'expulser les Tsiganes du grand reich, d'Allemagne et d'Autriche, vers les territoires conquis de Pologne. Ce fut chose faite à partir de mai 1940, avec la déportation par les SS d'environ 2500 roms et sinté habitant Hambourg et Brême vers Lublin, pour être soumis aux travaux forcés où nombreux périrent. Le sort des survivants reste inconnus.
À l'automne 1941, himmler odonne de déporter environ 5000 sinté et lalleri vers le ghetto juif de Lodz.
Les roms polonais, qui étaient principalement issus des ethnies Lovari et Kalderash tout comme les Sinté et Lalleri précédemment déplacés, sont envoyés dans les camps à travers toute la Pologne, comme ceux de Chełmno, Bełżec, Sobibór, Treblinka, Majdanek, etc. nombreux y finissent assassinés dans les chambre à gaz.
À partir du "Auschwitz Erlass" d'Himmler de décembre 1942, il est ordonné que tout les tsiganes survivants soit déportés vers les camps d'Auschwitz-birkenau pour y finir torturés et/ou assassinés.
En Serbie, (ex-Yougoslavie), les roms sont internés dans des camps de concentration mixte, avec des juifs, sur tout le territoire de l'actuelle Serbie. Ils sont tués par les travaux forcés ou bien par exécutions, puis brûlés, comme au camps de Šabac. C'est aussi en Serbie qu'a eu lieu le Massacre de Kragujevac, tuant entre 2300 et 5000 civils Roms et Serbes. Le nombre de victimes n'a pas pu être identifié.
En France, les autorités avaient pris des mesures restrictives à l’encontre des Roms avant même l'occupation du pays. Après l'ordonnance de 1942 d'Himmler, à l'encontre de tout les Tziganes, les rafles, déportations et internement, dans des camps familiaux comme Jargeau, Montreuil-Bellay, Saliers, Royallieu, s'intensifièrent. (Voir section : « En France pendant et après la Seconde Guerre mondiale »).
En Bulgarie, alliée de l'Allemagne, une politique de ségrégation anti-tsigane débuta par leur interdiction d'accès au centre-ville de Sofia, l'interdiction d'utiliser les transports en commun et leur ration de nourriture minorée par rapport au reste de la population.
À certains endroits, ils étaient forcés à se convertir au christianisme. À partir de 1942, les mariages mixtes (Bulgares et Roms) furent interdits. On les obligea à travailler pour l’État. Ils furent ensuite retenus dans des camps de concentration mixtes avec les personnes juives, sur tout le territoire bulgare.
Selon la Bulgarie, le taux de mort roms dues à la guerre est le plus bas d'Europe,. Cependant, aucune commission de recherche n'a été instituée après la guerre pour étudier le génocide rom. C'est pourquoi le nombre de victimes est encore inconnu.
En revanche, un premier pas vers la reconnaissance du génocide a été fait par la Bulgarie le 5 février 2003, lorsque le conseil des ministres a renommé le « jour de l'holocauste et du sauvetage des juifs bulgares » en « jour de la libération des juifs bulgares et des victimes de l'holocauste et des crimes contre l'humanité ».
En Hongrie, les persécutions envers les Roms ont commencé bien avant la Seconde Guerre mondiale. Dès 1918, des camps de concentration à leur encontre étaient déjà en place. Les Roms devaient suivre une politique de magyarisation, c'est à dire une assimilation forcée, sous peine de se voir déportés dans ces camps.
À partir de la domination nazie de la Hongrie du 19 mars 1944 aux 4 avril 1945, l'extermination à leur encontre s'est intensifiée. Ils ont été fichés, assassinés, assignés aux travaux forcés, déportés vers les « Komarom » dans tout le territoire hongrois. Aussi, les nazis les contraignaient aux marches de la mort. Le ventre vide, il devaient marcher sans destination dans le froid jusqu'à mourir d'épuisement.
En l'absence de registre, le nombre exacte de Roms tués en Hongrie n'a pu être comptabilisé.
Contrairement aux Juifs italiens, les Roms ont été victimes de discrimination de la part de l'Italie fasciste dès le début du régime. En 1926, Benito Mussolini ordonna l'expulsion de tous les « Tsiganes étrangers », pour « toucher l'organisme tsigane en plein cœur ».
À partir de 1938, les roms italiens sont intérnés dans des camps de concentration dans tout le pays. Le premier étant celui de Perdasdefogu en Sardaigne. Après le décret de déportation des tziganes de décembre 1942 d'Himmler, les "zingari" (tziganes en italien) sont déportés vers les camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau en Pologne. L'impact de l'occupation allemande sur les Roms en Italie a été peu étudié. Le nombre de Roms morts dans les camps italiens ou déportés dans des camps de concentration nazis reste incertain,.
En 1942, Ion Antonescu a ordonné la déportation vers la Transnistrie de 24 617 citoyens roumains d'origine rom, dont seulement la moitié ont survécu et ont réussi à retourner en Roumanie. Environ 11 000 sont morts de froid, de faim ou d'épidémies, tout cela étant la conséquence des conditions effroyables de détention auxquelles ils ont été soumis. Pour la déportation des Roms en Transnistrie, le prétexte du communisme ou des activités subversives pro-soviétiques n'a plus été utilisé - comme dans le cas des Juifs - mais l'étiquetage de toute la minorité rom comme « nomades », « inmobilisables et dangereux pour ordre public ».
Il est estimé que plus de 90 % de la population tzigane tchèque (principalement kalderash) a été exterminée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au début des recherches sur le génocide Roms dans les années 70-80, les premières estimations variaient de 100 000 à 1 500 000 morts ; les estimations gouvernementales officielles établies après guerre dans les livres blancs parlent de 500 000 morts. Les historiens Kenrick et Puxon évoquaient 219 700 morts. Bernadac, a ajouté ceux qui ont été identifiés par erreur comme juif, ou ceux qui parvenait à dissimuler leur identité rom. son estimation s'élevait à 240 150 morts.
Depuis, les années 2010, de de nouvelles redécouvertes et archives ont été mise à jour, et continuent de l'être a travers tout les pays européens. L'estimation de 500 000 morts a été retenue lors de l'inauguration du mémorial de Berlin en 2012. Elle pourrait continuer d'évoluer au fil des découvertes. Plusieurs spécialistes ont proposé des estimations chiffrées du génocide. Sont reproduites ici celles de Ian Hancock, qu'il a ensuite ré-évalué à la hausse dans son étude publiée en 2004, (voir plus bas). Citées dans History of the Holocaust: a handbook and dictionary, celles de Donald Kendrick et Grattan Puxon, dans The destiny of Europe's Gypsies paru en 1972 en Angleterre, et celles de Christian Bernadac dans L'Holocauste oublié. Le massacre des Tsiganes paru en 1980 :
Pays | Population avant la guerre |
Population massacrée | ||
---|---|---|---|---|
Selon Hancock (1994) | Selon Kenrick et Puxon (1972) | Selon Bernadac (1980) | ||
Autriche | 11 200 | 6 500 | 6 500 | 6 800 |
Belgique | 600 | 352 | 500 | 400 |
Bohême-Moravie | 13 000 | 5 500 | 6 500 | 6 000 |
Croatie | 28 500 | 28 000 | 28 000 | 27 000 |
Estonie | 1 000 | 1 000 | 1 000 | |
France | 42 000 | 14 000 | 15 000 | |
Allemagne | 20 000 | 15 000 | 15 000 | |
Pays-Bas | 300 à 500 | 200 | 500 | |
Hongrie | 100 000 | 28 000 | 28 000 | 32 000 |
Italie | 25 000 | 2 000 | 1 000 | 1 500 |
Lettonie | 1 000 à 5 000 | 1 000 | 2 500 | |
Lituanie | 1 000 | 1 000 | 1 000 | |
Luxembourg | 200 | 200 | 200 | |
Pologne | 50 000 | 13 000 | 35 000 | |
Roumanie | 300 000 | 36 000 | 36 000 | 33 000 |
Serbie | 60 000 | 12 000 | 10 000 à 20 000 | 16 000 |
Slovaquie | 80 000 | 2 000 | 1 000 | 3 000 |
URSS | 100 000 | 30 000 | 30 000 | 35 000 |
Espagne et Grèce | - | - | 150 | 50 |
Total | 833 800 | 195 800 | 219 700 | 240 150 |
Les chiffres de Kenrick et Puxon et ceux de Hancock sont similaires, excepté pour la Belgique où ils donnent 500 morts (100 de plus), la Slovaquie 1 000 morts (moitié moins), la Pologne 35 000 (22 000 de plus), la Lettonie 2 500 morts sur 5 000 (cf. rapport de Kochanowski, 1946), l'Italie 1 000 morts (moitié moins), les Pays-Bas 500 morts sur 500, la France 15 000 sur 40 000, la Bohême-Moravie 6 500 morts. Bernadac, par rapport à Hancock, compte 300 morts de plus en Autriche, 50 de plus en Belgique, 500 de plus en Bohême-Moravie, 1 000 de moins en Croatie, 4 000 de plus en Hongrie, 500 de moins en Italie, 3 000 de moins en Roumanie, 4 000 de plus en Serbie, 1 000 de plus en Slovaquie, 5 000 de plus en URSS, et ajoutait aussi 150 Espagnols et 50 Grecs (non représentés dans le tableau).
Ian Hanckock a depuis publié de nouvelles études. En 2004, il publie une ré-évaluation à la hausse des victimes du génocide roms.
En Europe, la dernière estimation retenue à Berlin en 2012, est d'environ 500 000 victimes.
Par exemple, en Autriche, Gerhard Baumgartner considère que 89 % des Roms et des Sintis n'ont pas survécu au IIIe Reich. À mesure que des archives et des fosses sont découvertes, les chiffres augmentent mais l'incertitude demeure.
À la suite du décret du 16 décembre 1942 d'Himmler, en France, les ethnies nomades, semi-nomades ou sédentarisées (Manouches, Gitans, Yéniches, Sinté, Kalderash, etc.), sont déportés puis tués aux camps d'Auschwitz,,. Notamment en transitant par le camp de déportation de Royallieu à Compiègne, et déportés via d'autres camps comme celui de Poitiers ou Linas. Des déportations en partance de Strasbourg sont aussi effectuées sur les territoires annéxés d'Alsace, entre 1940 et 1944.
Ils sont également victimes de rafles, comme celle de Marseille, ou celles des régions du nord et transférés en Belgique au camp de Malines, pour transiter jusqu'aux camps d'exterminations en Pologne. En particulier pour les convois Z ( Z pour "Zigeuner", Tzigane en Allemand), comme le convoi Z du 15 janvier 1944.
Tout comme la population juive et communiste, ils sont victimes d'exactions perpétrés par les SS et leurs collaborateurs. Ce fut le cas lors l'exécution de Saint-Sixte (Lot-et-Garonne) où ont été abattus 17 personnes dont 6 enfants et 2 femmes enceintes, par "Das Reich" le 23 juin 1944.
Les ethnies tsiganes sont retenus dans plus de 40 camps d'internement (ou camps de concentration) à travers toute la France,,.
Dans ces camps de concentration, les conditions de vie et d'enfermement étaient propices aux maladies, à la malnutrition, et aux souffrances,,.
D'abord présentés comme camps d'internement familiaux, il furent rapidement équipés de barbelés et surveillés par des gardes armés. Avant de servir de camps de transit vers les camps d'Auschwitz,.
En raison d'une mise en lumière tardive des archives au sein des institutions françaises, de nombreuses preuves et camps détruits après cette période, des persécutions après la libération, des pratiques d'acculturation des camps d'internement, et une coûtume traditionnelle du tabou pour la plupart des ethnies, (et ce, dans le but de preserver la descendance des souffrances), la reconnaissance des camps, des déportations, des conditions de détentions et de "socialisation" des enfants, parfois enlevés à leurs parents puis contraints à une formation sédentaire et religieuse, sont encore méconnues du grand public,,.
Pour exemple, les vestiges du camp de concentration de Montreuil-Bellay, n'ont été redécouverts que dans les années 80. Il faut attendre 1988, pour qu'une stèle y soit installée, puis 2012 pour que le site soit protégé et qu'un projet de mémorial soit proposé par les élus locaux. En 2024, le mémorial n'a pas été construit.
Le nombre réel d'internés et de morts dans ces camps n'a à ce jour, toujours pas été dévoilé.
Une partie des détenus ne sont relâchés que bien après la Libération, et plus d'un an après la capitulation allemande du 8 mai 1945. Le dernier camp libéré sera le camp des Alliers, proche d'Angoulême, le 1er juin 1946,.
Les autorités françaises du Gouvernement provisoire à la Libération, comme celles de Vichy, souhaitent sédentariser et « socialiser » les tziganes, ce qui pourrait être assimilé à une acculturation contrainte,. Et ce, alors même que les traditions dites "Bohémiennes" des nomades originaires d'Inde tel que les forains, cirques, commercants ambulants, migrateurs agricoles et saisonniers pour les recoltes, maréchal ferrant, artisans cordonniers ou vanniers, musiciens et artistes itinérants, etc. sont présents sur le continent européen depuis le Moyen Âge.
Longtemps ignorés, bon nombre des tziganes français ont pourtant participé à la résistance,. Comme Armand Stenegry, Jean Beaumarie, Raymond Gurême.
Par ailleurs, le jour de la résistance Roms est célébré le 16 mai 1944 au sein des diverses communautés sinté. En hommage à la revolte collective du camp de Birkenau ayant eu lieu a cette date. À l'annonce de leur extermination, alors même qu'ils étaient détenus, ils se sont opposés vigoureusement aux Nazis qui ont été contraint de repousser leur exécution.
Les conséquences du Porajmos peuvent être multiples encore actuellement. Les connaissances actuelles en neurologies et en psychologies des survivants de la Shoah, applicable aux victimes de Porajmos, affirment un risque héréditaire de terrain favorable aux syndromes de stress-post traumatique ainsi qu'un terrain favorable aux souffrances psychiques, que les origines Tsiganes ait été transmises ou cachées par crainte pour les descendants, ou occultées suite à l'acculturation infantile des camps,.
Malgré les conséquences lourdes et les spoliations, aucune indemnisation n'a été accordée par la France aux victimes tsiganes, le dernier rejet par le conseil d'État des demandes faites par des associations de victimes datant de 2020.
Aujourd'hui, on peut relever que l'antitsiganisme et les condamnations de la France par la CEDH, et l'ONU sont toujours présent,, en particulier pour les populations ayant préservé le nomadisme. Cela explique une méfiance et une discrétion d'une grande partie des descendants tsiganes.
En Allemagne, selon l'Encyclopédie de la Shoah :
« Après la guerre, la discrimination contre les Tsiganes ne cessa pas, la République fédérale d'Allemagne décida que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 relevaient d'une politique légitime de l’État et ne nécessitaient pas de réparations. L'incarcération, la stérilisation et même la déportation étaient considérées comme une politique légitime… Le chancelier allemand Helmut Schmidt reconnut formellement la réalité du génocide des Tsiganes en 1982. Mais à cette date, la plupart des victimes susceptibles de toucher des réparations conformément à la loi allemande étaient déjà mortes. »
En 1956, La stèle construite sur la tombe commune des victimes du massacre de Szczurowa constitue le premier mémorial à la mémoire des victimes roms du Porajmos.
Le 17 mars 1982, L'Allemagne reconnait le génocide Tzigane par le chancellier Helmut Schmidt ,.
Le Porajmos n’a pas encore été reconnu officiellement comme génocide par l'ensemble de l'union européenne malgré la commémoration par le Parlement européen du « génocide des Roms » lors d'une session plénière le mercredi à Bruxelles ; son président, Jerzy Buzek, a notamment fait remarquer dans son discours que « le soixante-sixième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau nous rappelle que les Roms furent la troisième minorité parmi les victimes. Malheureusement, cette réalité n'est pas connue de tous les Européens. »
En 2012, le Mémorial aux Sintés et aux Roms européens assassinés pendant le nazisme est inauguré a Berlin.
En octobre 2006, Alfreda Markowska, Rom Polonaise surnomée "Babcia Noncia", est décorée de l'ordre de Polonia Restituta, en Pologne, pour avoir caché et sauvé plus de 50 enfants juifs et roms pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 2007 en France, le député Frédéric Dutoit a présenté pour la première fois, une proposition de loi visant à la reconnaissance du génocide tzigane par l'Allemagne nazie et à l'instauration d'un jour commémorant les victimes de ce génocide.
En , le sénateur français Robert Bret a déposé la même proposition au Sénat.
En , l’État français franchit un premier pas vers la reconnaissance de la participation de la France à l'internement des Tziganes, le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco l'évoquant lors d’une Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux « Justes » de France. Le président de la République François Hollande reconnaît la responsabilité dans l’internement de Roms de 1940 à 1946 du régime de Vichy, lors d’une cérémonie d’hommage sur le site d’un ancien camp à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), le plus grand des 31 camps gérés par les autorités françaises, dans lesquels furent internés entre 6 000 et 6 500 nomades,.
Le , le député français Jean-Jacques Candelier et plusieurs de ses collègues ont déposé, une proposition de loi,.
En 2015, le Parlement Européen reconnait officiellement la journée européenne de commémoration du génocide des Roms qui se tient le . Sa date fait écho à la « Zigeunernacht » (la Nuit des Tsiganes, en français) : la nuit du 2 au , les nazis ont décidé la liquidation du camp des Roms d'Auschwitz-Birkenau, assassinant près de 3 000 personnes.
En 2019 en France, avec la réforme des programmes, une partie du thème 3 "Histoire et mémoires" aborde désormais ces évènements en spécialité Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques en classe de terminale générale.
En 2021, Fernand de Varennes, rapporteur spécial des Nations Unies sur les questions relatives aux minorités par le Conseil des droits de l'homme, a publié à propos de l'holocauste Rom que "Les États doivent faire davantage pour lutter de manière proactive contre les signes croissants d'intolérance et d'attaques contre les Roms et les autres minorités, en particulier les crimes de haine et les attaques sur les médias sociaux. Nous avons vu ce qui s'est passé lorsque les membres de la minorité juive dans l'Allemagne nazie ont été dépeints comme étrangers et antagonistes à la nation et aux valeurs et à la culture allemande. Aujourd'hui, les Roms sont à nouveau confrontés au même type de rhétorique de division".
Holocauste Roms - Organisation des Nations Unies (ONU)